11 : Moyens d’Existence justes

Publié le par Sangha de la pluie qui fleurit
 





Afin de pratiquer les textes avec sagesse il est bien utile d’écouter les commentaires de nos grands frères. Voici les quatorze entrainements à la pleine conscience de l'ordre de l'inter être ainsi que les commentaires de Thai sur chacun d'eux.

Onzième Entraînement : Moyens d’Existence justes

Conscients que notre environnement et notre société sont détériorés par la violence et les nombreuses injustices, nous nous engageons à ne pas utiliser de moyens d’existence nuisibles aux humains et à la nature. Nous ferons tout notre possible pour choisir des moyens d’existence qui contribuent au bien-être de toutes les espèces sur terre et nous permettent de réaliser notre idéal de compréhension et de compassion. Conscients de la réalité mondiale de l’économie, de la politique et de la société, ainsi que de notre interrelation avec l’écosystème, nous sommes déterminés à nous comporter de façon responsable en tant que consommateurs et citoyens. Nous n’investirons pas et ne commercerons pas avec les sociétés qui contribuent au tarissement des ressources naturelles, qui nuisent à la terre et privent les autres de leur chance de vie.

"Les moyens d’existence justes" sont une des branches du Noble Sentier Octuple qui nous incite à exercer un métier qui ne fait de mal ni aux humains ni à la nature, physiquement ou moralement. Pratiquer la Pleine Conscience dans notre travail nous permet de découvrir si notre métier est juste ou pas. Nous vivons dans une société où il est difficile de trouver du travail et difficile d’avoir des moyens d’existence justes. Mais si notre travail nous force à nuire à la vie, nous devrions faire tout notre possible pour trouver un autre emploi. Nous ne devrions pas sombrer dans la négligence. Notre vocation peut nourrir notre compréhension et notre compassion comme elle peut les tarir. Notre travail est en rapport direct avec notre pratique de la Voie. De nombreuses industries modernes, y compris les usines de produits alimentaires, sont nuisibles aux humains et à la nature. La plupart des pratiques agricoles courantes sont fort éloignées des moyens d’existence justes. Les poisons chimiques qu’utilisent les fermiers mettent en danger l’environnement. Pratiquer les moyens d'existence justes est devenu une tâche difficile pour les fermiers. S’ils n’utilisent pas de pesticides chimiques, il peut leur être difficile d’être compétitifs sur le marché. Peu de fermiers ont le courage d’utiliser des méthodes d’agriculture organique. Avoir des moyens d’existence justes, ce n'est plus un simple choix personnel. C’est notre karma collectif. Imaginons que je sois professeur et que je crois qu’insuffler l’amour et la compréhension aux enfants est une tâche merveilleuse, (bon exemple de "moyens d'existence justes"). Je protesterais avec force si quelqu’un me demandait d’arrêter d’enseigner et de devenir un boucher. Cependant,
si je médite sur l'interdépendance de toutes choses, je verrais que le boucher n’est pas seul responsable de la tuerie des animaux. Il tue les animaux pour nous tous qui achetons des morceaux de viande crue, proprement enveloppés et mis en vitrine au supermarché du coin. L’acte de tuer est un acte collectif. Quand nous vivons dans la distraction, nous nous distançons du boucher, pensant que son métier est mauvais et que le nôtre est bon. Mais si nous ne mangions pas de viande, le boucher ne tuerait pas ou tuerait moins. C’est pour cette raison que la notion des moyens d’existence justes est un sujet collectif. Le métier d’une seule personne en affecte plusieurs. Les enfants du boucher tireront peut‐être parti de mon enseignement, tandis que mes enfants, parce qu’ils mangent de la viande, portent une part de responsabilité dans le métier du boucher, qui est un métier de tueur.
Des millions de gens gagnent leur vie grâce aux industries d’armement qui fabriquent des armes conventionnelles et nucléaires. Les armes dites “conventionnelles” sont vendues à des pays du Tiers Monde, la plupart en voie de développement. Dans ces pays, les gens ont besoin de nourriture, pas de fusils, de tanks ou de bombes. Les États‐Unis, l’Union Soviétique, et la Grande‐ Bretagne sont les principaux fournisseurs de ces armes. Fabriquer et vendre des armes ne fait certainement pas partie des moyens d'existence justes, mais la responsabilité de cette situation n’incombe pas seulement à ceux qui travaillent dans les usines d’armement. Chacun d’entre nous ‐ politiciens, économistes, et consommateurs‐ doit porter sa part de responsabilité pour la mort et la destruction que causent ces armements. Nous sommes aveugles, nous sommes uets, nous n’organisons pas assez de débats nationaux sur ce problème colossal. Si nous pouvions débattre de ces problèmes mondialement, on pourrait trouver une solution. Nous devons créer de nouveaux emplois afin que nous n'ayons plus à vivre des profits engendrés par l’industrie de la guerre. Si nous avons la chance de travailler dans un domaine qui nous aide à réaliser notre idéal de compassion et de compréhension, nous devons en être très reconnaissants. Chaque jour, nous devrions aider à créer de bons emplois pour nous et pour les autres en vivant correctement, simplement et sainement. S'éveiller et éveiller les autres, s'aider et aider les autres, telle est l'essence du bouddhisme Mahayana. Le karma individuel ne peut être séparé du karma collectif. Si vous en avez la chance, utilisez s'il vous plaît votre énergie pour les améliorer tous deux. C'est la réalisation du premier des Quatre Grands Voeux.
Nous remercions le Centre de méditation de l'Estrie d’où nous provient ces commentaires.